J'aime pas les blaireaux qui partent en vacances en même temps que moi !
C'est fou ça. Y a un mois, je me dis, bon, évitons la foule estivale, les grands hôtels-clubs à beaufs, les voyages trop organisés, les transferts en bus et tout ce qui pourrait faire ressembler de près ou de loin mes vacances à une migration de blaireaux. Eh bien, non... Même en prenant un autotour (formule qui consiste à se déplacer avec sa voiture de location, d'hôtel en hôtel, en "toute liberté") dans des fermes siciliennes spécialisées dans l'agritourisme, perdues au milieu de nulle part, tu n'échappes pas au blaireau. Bien tenté, mais raté !
C'est que le blaireau lui aussi, il veut des vacances un peu moins "mainstream", alors il se laisse tenter par cette petite aventure en Fiat Punto (mais le blaireau, lui prend son GPS. Un GPS qui le perdra conscienceusement à chaque nouvelle destination, alors que ma bonne carte Michelin ne m'a jamais trahi !). Hélas, le blaireau, au camping ou au bord d'une piscine d'une ferme bobo-bio, bah il reste blaireau. Je suis sûr que vous aussi, vous allez en croiser cet été, vous n'y échapperez pas. Mais parce que je suis d'un naturel super sympa, je vais vous donner quelques conseils pour les reconnaître (et donc pour les fuir, si vous le pouvez !).
Règle n°1 : le blaireau ne parle aucune langue étrangère et ne comprend pas que le Sicilien qui gère son hôtel n'ait pas fait l'effort de faire Français 1ère langue. Et le blaireau ne se démonte pas : il répète consciencieusement à son interlocuteur interloqué les mêmes phrases, en français, sans vraiment tenter de reformuler (ça serait trop fatigant), et voilà comment la commande d'un simple Coca light vire à un spectacle de mime des plus pathétiques. Bon, à sa décharge, le blaireau français à qui je fais référence ici avait en face de lui un blaireau sicilien qui, visiblement, n'aimait pas son métier d'hôtelier, n'était pas doué pour l'accueil et n'avait pas la moindre envie de servir à boire à ses clients... La blaireaute n'est pas mieux : elle a oublié le pyjama de son mari (il avait qu'à y penser, ce blaireau !) dans l'hôtel précédent et voudrait bien que son nouvel hôte appelle son homologue pour qu'on lui fasse parvenir ledit pyjama par la Poste (si la Poste sicilienne est aussi efficace que la nôtre, je pense qu'elle l'attend toujours). Et la blaireaute explique tout cela dans un français tout à fait compréhensible pour un Hexagonal, je le concède, mais beaucoup moins pour un Sicilien pourtant légèrement francophile, celui-là, et limite aimable (ce qui est, j'ai pu m'en rendre compte, une qualité rare chez les habitants de cette île). Le pauvre s'exécute finalement et quand il dit à la blaireaute que tout est réglé, celle-ci le gratifie d'un franc et souriant... "MERCI !" Ben oui, la blaireaute ne va tout de même pas se casser le cul et se faire mal à la langue en prononçant le seul mot d'italien qu'elle connaisse pourtant, "Grazie".
Règle n°2 : le blaireau aime rentrer en contact avec ses congénères. Oui, les Siciliens, le blaireau, il s'en tape (et il n'a sur ce point peut-être pas tout à fait tort). Non, lui, il veut échanger avec de bons blaireaux comme lui, qui parlent la même langue. Sauf que moi, je n'adresse pas la parole au blaireau, et Neuneu (comme mon ami et moi avions gentiment surnommé l'un de ces animaux-là) a eu beau essayer de nous sourire de son air niais et d'engager une passionnante conversation sur le nombre de chevaux de sa Citroën C3 de location, il a vite compris que nous n'étions pas les bons clients. Oui, en vacances, le blaireau, que nous retrouvions hélas d'hôtel en hôtel (vive la liberté avec l'autotour), préfère parler voiture, bouffe et air conditionné plutôt que de s'extasier devant les églises baroques, l'Etna ou les plages siciliennes.
Règle n°3 : le blaireau s'habitue mal aux coutumes locales. Ainsi, le dîner servi à 20h30 est une épreuve des plus difficiles pour lui. Habitué à déjeuner au plus tard devant Pernaut et à souper devant Lagaf, le blaireau perd alors tous ses repères. A 20h, il trépigne déjà devant la porte de sa chambre, son ventre crie famine, il n'y tient plus. A 20h30 pétantes, ils sont tous là, prêts à faire feu. Bon allez, je l'avoue, sur ce coup, on a été très blaireaux aussi. Après une journée de visites, d'escalade, de chaleur, de longueurs dans la piscine, il fait faim, et nous aussi, à 20h30, tels des blaireaux de la pire espèce, on se précipitait sur le pain qui nous attendait sur la table. Après tout, on est tous un peu blaireaux, parfois, et on est toujours le blaireau d'un autre...
Règle n°4 : le blaireau ne sait pas se saper. Bon, déjà, tout au long de l'année, on sent que le blaireau ne lit pas GQ et n'est pas top model. Mais alors en été, il se lâche et se met carrément en mode décontract'. Ce qui donne, pour ne citer qu'un item, des chaussures des plus improbables (des baskets plates multicolores épousant le pied et trouées à l'arrière, avec chaussettes blanches à liseré "drapeau italien", s'il vous plait ; ou bien encore la claquette que même une bonne soeur n'oserait mettre au couvent, mais qui fait les beaux jours de la Halle aux Chaussures). Bref, le musée des horreurs (de la mode). Bon, si le blaireau n'est pas très fashion, la blaireaute, elle, fait tout de même des efforts. Ainsi, la Dépressive, une autre amie que nous retrouvions à chacune de nos étapes, n'était pas si dépressive que cela. Si elle ne souriait jamais, voire limite tirait la tronche, c'était pour une bonne raison. A 40 ans, elle s'était décidée à s'offrir un sourire ravageur, qu'elle ne pourra montrer qu'une fois que le radiateur qui lui barre les dents sera retiré, d'ici quelques mois... Bon, elle aura toujours l'air d'une blaireaute, je le crains...
Règle n° 5 : le blaireau a peur de ne jamais rentrer en France et ne voudrait pas se retrouver coincé dans cette terre de barbares mafieux. Aussi, deux jours après son arrivée, il pense déjà à la sentence qui barrait en gras sa feuille de voyage : "Veuillez confirmer votre vol retour 72h avant sous peine de finir votre vie sur l'île" ! Et ça, ça le stresse le blaireau. Il en parle à ses congénères ("et vous, vous avez déjà confirmé ? Non, parce qu'avec le surbooking hein, on sait jamais !"). Et donc, 72 heures avant, il se casse le cul à appeler un numéro italien ou personne ne parle un mot de français pour confirmer qu'il sera bien dans l'avion du retour. Fiou, quelle aventure. Moi, perso, j'ai JAMAIS confirmé mon vol retour, où que ce soit, et suis toujours rentré ! Hélas...
Bref, la morale de l'histoire, c'est que l'autotour agritouristique, c'était pas la meilleure idée pour éviter les blaireaux, même si l'avantage de ce genre de formule, c'est qu'au lieu d'en avoir des centaines à supporter, on en avait qu'une poignée, et encore, uniquement le soir et au ptit déj'. Bon, et sinon, même si j'ai pas l'air, j'ai beaucoup aimé ces vacances ! Si si !
ND, alias The King of Blaireaux
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