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J'aime rien, I'm Parisien ! Le journal d'un natural-born râleur.

J'aime pas les voisins !

 

Après 12 ans à Paris dont 11 ans passés dans trois tout petits immeubles où le nombre d'habitants ne dépassait jamais la dizaine, me voilà depuis mars dernier l'heureux locataire d'une résidence de 11 étages comprenant pas moins de 6 portes par palier ! Autant dire que mon premier sentiment en débarquant a été la joie non dissimulée : mon Grindr (une appli permettant de "sympathiser" avec des garçons invertis classés par proximité géographique) allait pouvoir crépiter de messages de voisins en rut prêts à monter voir le ptit nouveau et à l'accueillir comme il se doit (je vous passe les détails). Bon, bah raté ! Le seul homo de l'immeuble vu sur Grindr, que je croise régulièrement dans l'ascenseur et qui me lance des regards proches de l'appel au viol (10 étages, ça peut parfois sembler une éternité !), a deux défauts majeurs : il a 40 ans et surtout, lorsqu'il me parle sur l'appli, il ne fait pas le rapprochement entre moi et mon double de l'ascenseur. Alors soit ma photo n'est pas ressemblante du tout, soit il est vraiment teubé ! Bref, c'est pas encore ici que je vais trouver l'amant de mes rêves.

 

Bon, toute façon, à la base, j'aime pas les voisins, c'est un nid à emmerdes. Dans mon immeuble d'avant, j'avais eu à subir le traumatisme de l'inénarrable voisine du dessus. Celle qui marchait tel un hippopotame au dernier stade de l'obésité (le choc fut d'autant plus grand lorsque je la croisais pour la première fois en vrai - elle doit faire à peine 45 kg toute mouillée) et que je pouvais géolocaliser rien qu'au craquement du parquet et au claquement des talons ; celle qui écoutait de la musique trance à 4h30 du mat' ; celle dont la baignoire a fui à au moins trois reprises, faisant de jolies cloques sur mon plafond ; celle qui s'était dégoté comme amant un acteur porno particulièrement performant et endurant, la faisant hurler 2 ou 3 heures durant (véridique !) le plus souvent en plein milieu de la nuit ; celle qui rentrait bourrée à 3 h du mat' (oui elle aimait bien les horaires décalés, cette nyctalope) et tombait 5 ou 6 fois dans l'escalier en faisant trembler les murs de tout l'immeuble... Bref, si j'avais vécu au Texas, je pense qu'elle aurait succombé depuis bien longtemps à quelques coups de carabine ! 

 

Avant ça, dans des vies antérieures, j'avais aussi connu la vieille qui aimait bien quand je jouais du piano, mais pas trop souvent quand même ; l'autre vieille qui supportait pas que mon chien couine de désespoir en mon absence ; les fêtards qui ne pouvaient concevoir un samedi soir sans la présence de 45 potes alcoolisés chez eux ; le fan de Johnny qui écoutait "Que je t'aime" en boucle 365 jours par an ; le curieux qui épiait la moindre de mes sorties et notait scrupuleusement la plaque d'immatriculation de mes potes qui avaient osé se garer sur la mauvaise place de parking...

 

Oui, vraiment, pas de doute, pour un misanthrope comme moi, l'enfer c'est les voisins. Je n'ai qu'à investir dans une maison hein, vous dites-vous ! Oui, bah à Paris, à part Bernard Tapie, qui peut se payer une baraque non mitoyenne avec 2 000 m2 de jardin, hein ? 

 

Bon l'autre jour, c'était la Fête des Voisins. L'espace d'un instant, me suis dit qu'il fallait ptet que je me fasse violence, que j'y passe une tête, que je fasse un peu de la lèche à la concierge qui me récupère mes colis, tout ça tout ça... Mais à peine parvenu à mes oreilles les piaillements de sales gosses surexcités, j'ai renoncé illico presto à cette bien belle idée !

 

Résultat des courses, en 4 mois de présence ici, mes voisins demeurent de parfaits inconnus, pour ne pas dire des fantômes. Et au fond, ça me va assez. Même si je me rappelle quand même avec une brin de nostalgie ma jeunesse perdue, le lotissement de mes grands-parents où les uns venaient boire l'apéro chez les autres, ou simplement discuter dix minutes par-dessus la haie de troène, refaire le monde et médire un peu sur les autres voisins. Cette époque où le bruit d'une sonnette était perçu comme annonciateur d'un moment de partage, et non comme une invasion de mon espace intime. Mais ça, c'était avant...



27/06/2013
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